Descriptif
Soyez toujours dans la joie. Priez sans cesse. 1 Th 5, 17
Comment parler de la Prière du Cœur (de la méditation chrétienne orientale) à des sinophiles, bouddhistes ou pratiquants de Qigong ? Nombreux sont ceux qui pensent – à tort – que le christianisme est enfermé dans une pensée dogmatique, rares sont ceux qui savent que le christianisme a toujours véhiculé une sensibilité mystique, représentée par de nombreux courants (la mystique rhéno-flamande avec Me Eckart, la tradition des Pères du Désert ou plus récemment le quiétisme de Mme Guyon et Fénelon) ; on se convaincra de la tradition vivace que représente l’hésychasme en relisant V. Lossky et son Essai sur la théologie mystique de l’Eglise d’Orient — réédité aux éd. du Cerf. Ces traditions mystiques inquiètent autant qu’elles vivifient le christianisme. Sans elle, il ne serait probablement plus qu’une institution religieuse, et on pourrait lui reprocher sa raideur et son assèchement. Seulement voilà, il y a la prière du Cœur !
L’énergie, c’est Dieu
La Prière du Cœur représente la quintessence de l’Orthodoxie (« La prière de Jésus est le Cœur de l’Orthodoxie » dit l’écrivain roumain N. Crainic). Nous pourrions avec un peu d’audace définir ainsi la prière du Cœur : l’état de Qi gong + la Bible, c’est-à-dire la méditation expliquée dans le vocabulaire et les notions méditerranéennes de la Bible et des Pères, lus alors comme un traité de Qi Gong. L’énergie, qui est bien une notion chrétienne, chez Grégoire Palamas (XIVe siècle), n’est rien d’autre que la manière dont Dieu se manifeste à nous. Bien que la nature de Dieu reste inconnaissable, nous le connaissons par ses énergies. L’énergie, c’est Dieu.
Des techniques universelles de méditation
La Prière du Cœur nous renvoie aux vieux fonds millénaires des techniques de méditation qui sont universelles et qu’on pourrait retrouver mutatis mutandis en Orient, dans la catégorie des Mantras, mais que les chrétiens expliquent autrement et transmettent dans un vocabulaire spécifique. Ce vocabulaire technique ne doit ni nous impressionner ni nous effrayer : il suffit de prendre le temps de retrouver les définitions et les problèmes auxquels
il répond. Ce n’est ni plus ni moins compliqué que l’histoire des spiritualités chinoises. D’où ma préoccupation du dialogue interculturel et de l’œcuménisme où le christianisme, à mon avis, n’a pas à craindre de se dissoudre. D’où également mon goût pour la pratique de la prière ...