Un face à face avec l’autorité scolaire

Certains adultes parviennent à transmettre du rêve, mais d’autres nous ramènent durement au réel. Comment, devenus adultes nous-mêmes, parvenir à retrouver ce point cardinal du réel et du rêve pour l’accomplir et nous accomplir ?

Une histoire de vie
Je me suis longtemps investie dans des activités bénévoles et l’une d’entre elles m’a permis de me confronter à mes peurs les plus anciennes. Quand j’avais 15 ans, en 1962, une époque où l’on ne plaisantait pas avec l’autorité, j’ai « séché » les cours un après-midi avec une amie. Nous avons été repérées et reconduites à l’école. A l’idée que mon père l’apprenne, j’ai été prise de panique et j’ai essayé de m’ouvrir les veines en plein cours. Je me souviens avoir vécu un sentiment de solitude infinie, je ne savais plus vers qui me tourner pour trouver de l’aide. Des années plus tard, âgée de 15 ans, ma fille cadette eut maille à partir avec l’autorité scolaire pour un chewing-gum qu’elle avait oublié de jeter avant d’entrer en cours de gym. Je n’ai pas accepté cette punition, car elle émanait d’un établissement où le principal lui-même ne respectait pas les règles. J’ai écrit une lettre et affronté l’abus de pouvoir de cet homme. En m’opposant à lui, devenu illégitime à mes yeux, je respectais en fait l’Autorité, tout en refusant d’obéir à celui qui l’incarnait si mal à ce moment-là. J’écris aujourd’hui Autorité avec un « A » majuscule parce que je l’associe à Dieu (je suis des études en théologie et ce n’est pas un hasard). Dieu incarne le Savoir Absolu et comprendre conceptuellement l’absolu de l’Autorité a été pour moi source de paix et de sérénité. Mon attitude était « juste ». En fait, j’ai refusé de faire croire à ma fille que son comportement était à ce point inconvenant. Le mien ne l’avait pas été non plus en 1962, mais j’aurais pu en mourir si je n’avais pas appelé « au secours » !

Ce que j’ai vécu à l’âge de 15 ans correspond à une « conversion forcée » à la morale du groupe auquel on appartient et que j’ai reproduit longtemps moi aussi. Ma fille, à l’âge de 9 ans déjà, m’avait « ouvert les yeux » dans un moment particulier qui a bouleversé ma vie et ma manière de regarder le monde. J’ai appelé ce phénomène « le hiatus ». Il est à l’origine du processus d’évolution que j’ai connu par la suite jusqu’à aujourd’hui. En ...