Autant que je m’en souvienne, c’est la danse qui est venue me chercher. Mes premières années de vie se sont déroulées à Madagascar. Entre la terre rouge et la joie de vivre des Malgaches, j’étais imprégnée par cette île vibrante de vie. En ce temps-là, je dansais spontanément, en contact avec la joie, la colère ou la tristesse. Tout mon corps exprimait dans un mouvement unique et intégré ce qui me traversait. En grandissant, j’ai observé que cette spontanéité d’enfant n’était pas toujours reçue par les adultes et j’ai très vite senti que le
silence était parfois préférable aux mots. J’étais comme tous les enfants en contact direct avec la vie et j’exprimais intensément ce que je ressentais. Mais ma partition musicale interne ne correspondait pas vraiment avec celle du monde qui m’entourait. J’étais pourtant simplement vivante et il me semblait intuitivement que c’était cela la vraie vie ! Alors, j’ai senti qu’il était préférable de quitter ce territoire intérieur, ce « je » trop bruyant, trop vivant, « trop » pour entrer dans le monde que les adultes me présentaient. Il était question d’amour et m’adapter était, comme tant d’autres enfants, le seul choix possible.
M’adapter
Là, petit à petit, mon corps s’est mis à me chuchoter que si je dansais, je pourrais entrer à nouveau en contact avec ce qui m’animait intérieurement. J’avais entendu le message, mais j’étais déjà devenue assez muette vis-à-vis du monde extérieur. Alors, pour équilibrer ce choix, il me restait à investir ma polarité masculine, devenir forte et défendre la sensibilité profonde que je ressentais à l’intérieur. A partir de là, je suis partie à la conquête du monde. Pour tenir debout dans ce déséquilibre où les mots ne pouvaient se dire, j’ai investi le sport à très haut niveau en activant mon masculin. Je suis devenue une passionnée de grosses motos et championne d’aviron. Place de la Bastille, j’étais vue et reconnue, et lors des championnats d’aviron, j’étais applaudie. Enfin, j’existais ! Pourtant, je sentais bien qu’à l’intérieur, un vide existentiel se creusait un peu plus à chaque réussite extérieure et je voyais le fossé se creuser entre l’intérieur et l’extérieur. Un jour où je roulais à moto, une voiture me renversa et le chauffeur s’enfuit. Je n’avais plus de moto pour exister. J’ai alors ressenti une injustice profonde, une fracture dans l’existence. Au-delà d’une chute, que j’imagine impressionnante et qui ...
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