Descriptif
Le surf («ressac» en langue anglaise), pratiqué en France depuis les pionniers de la Côte Basque dans les années 50, descend de son ancêtre polynésien le He e’ nalu, «l’art de glisser sur la vague et de se fondre avec elle». Ses racines remontent à un temps bien reculé où la notion de «royaume de l’océan» avait encore un sens sacré. C’était avant l’arrivée du Capitaine Cook et de ses colonisateurs bien intentionnés : quelques îles du Pacifique noyées dans le vert des forêts, fondues dans le multicolore de fleurs. La végétation recouvrait les montagnes volcaniques, le brun de la terre fertile à foison se mêlait au bleu du ciel, lui-même reflété dans celui de l’eau. Les lagons dévoilaient des fonds tout aussi joyeusement colorés, la lumière du soleil inondait un véritable paradis écologique, terrestre, aquatique et végétal. L’univers semblait vouloir prendre soin du peuple pacifique des îliens qui vivaient là et ne cessaient de rendre grâce pour toutes ces merveilles emplies d’élan vital.
Un mode de vie simple et sauvage
Le surf reflète un mode de vie où le corps et l’esprit entrent en harmonie avec la nature simple et sauvage. Le surfer est un cueilleur d’instants de grâce. Son art est d’abord patient. Il développe une sorte de météorologie sensitive, d’instinct du quêteur de houle et de vent, prompt à ressentir, à filtrer par son corps en éveil l’information donnée par la seule nature. Il sonde la vague avec tous ses sens, la déchiffre comme un enfant qui apprend à lire : il sait quand et comment elle sera bonne. Il se jette à l’eau pour la prendre au bon moment et au bon endroit. Quand elle se lèvera, il sera déjà en elle. A l’instant même où le surfer entre dans le tube cristallin de la vague, glisse avec elle pour quelques secondes dans l’intimité de son sublime déferlement, le temps semble s’arrêter. Seul règne alors le temps de l’eau… Il n’est là rien que pour elle, ce mystérieux danseur évoluant sur les crêtes féminines du grand Kan* rugissant.
Force et eau mêlées de souffle
Appuyés sur la virtuosité du moment, des conditions atmosphériques, de leur propre condition physique et souvent au péril de leur vie, les artistes surfers mettent leur haute technicité au service de la force de l’eau mêlée de souffle. Ces félins-glisseurs sont à l’affût de l’instant pur où ils pourront partager ...