Descriptif
J. M. : Thierry, en quoi consiste votre projet ?
T. P. : Il s'agit d'un grand projet philanthropique destiné à préserver la continuité de la connaissance martiale. Des gens mettent en commun des moyens pour poursuivre un but à vocation caritative. Dans le cas qui nous intéresse, l'objet agit sur 3 axes : conserver la mémoire de notre histoire et des hommes qui la font, préserver la transmission du savoir, et protéger ceux qui ont donné et qui, au crépuscule de leur vie, sont dans le besoin.
J. M. : Pourquoi maintenant et pas demain ?
T. P. : Aujourd'hui, c'est toute une génération — celle des pionniers — qui s'en va. Si nous n'agissons pas immédiatement, toute une mémoire va disparaître. D’autre part, les arts traditionnels sont en mutation régulière ; on ne pratique pas le Karaté, le Judo ou l'Escrime aujourd'hui comme hier. Et enfin, les arts hybrides apparaissent (et disparaissent). Nous devons préserver toute cette richesse.
J. M. : Comment vous est venu ce projet ?
T. P. : Cela fait quelques années que ça me travaille mais il me fallait un concours de circonstances favorables parce qu'un tel projet n'est pas aisé à mettre en place. C'est la loi de modernisation de l'économie d'août 2008 qui a généré l'outil administratif favorable. Dans son volet sur le mécénat, le législateur a créé un outil tiré du monde anglo-américain : Le Fonds de dotation. Contrairement à la Fondation d'utilité publique, le Fonds de dotation se libère de la tutelle de l'Etat.
J. M. : Vous avez parlé de solidarité entre les générations.
T. P. : Je trouve inadmissible qu'après avoir passé sa vie à enseigner, à transmettre ses connaissances — des connaissances qui peuvent changer l'individu — un maître, relégué soit par la mode, soit par la maladie, se retrouve en situation précaire. C’est pourquoi je tiens à ce que cette institution gère un fonds destiné à l'assistance aux anciens. C'est le devoir des Kohai (jeunes, ndlr) d'assister les Senpai (anciens, ndlr).
J. M. : Il existe un grand nombre d'experts en arts martiaux, comment allez-vous « choisir » ?
T. P. : Ce n'est pas à moi de choisir qui est digne et qui ne l'est pas. En ce qui concernera le soutien aux anciens, mon rôle se limitera à aider ceux qui ont offert beaucoup (plusieurs dizaines d'années) à leurs élèves ...