Descriptif
Cette exposition, « Voix visibles », qui a commencé le 20 septembre dernier et se terminera le 30 décembre prochain, relie cet artiste à une tradition picturale chinoise où le peintre et le calligraphe/poète ne font qu’un, mais chez Chan Ky Yut, cette démarche est avant tout une unité profonde entre le geste pictural et l’écriture poétique, nous renvoyant alors plutôt à une poésie globale de la vie et de l’être.
Ces années-là…
Chan Ky-Yut est né en 1940 et est originaire de Canton, situé dans la Chine du sud. Il va recevoir durant son enfance une transmission de la calligraphie et de la peinture par son grand père médecin lettré, et va s’imprégner d’une sensibilité d’artiste par un environnement familial constitué de poètes, d’écrivains et de médecins. Ces années-là, d’enfance et d’adolescence, sont celles d’un apprentissage intellectuel basé aussi sur l’étude du Taoïsme, du Zen, et de la pensée tibétaine. Cette formation spirituelle sera complétée par une pratique corporelle des disciplines traditionnelles. L’artiste va alors faire des études universitaires en étymologie et en littérature chinoise avant d’ouvrir à Hong Kong deux ateliers de peinture. Chan Ky-Yut va cependant se retirer dans la montagne durant cinq ans alors que sa carrière d’artiste s’ancre dans les expositions de ses œuvres et des prix de cinématographie. Il prépare alors peut-être dans ce retrait lui permettant de peindre et de peindre seulement, les bonnes saveurs. Quelles saveurs ? Les saveurs de l’universel.
Préparer les bonnes saveurs !
La peinture de Chan Ky-Yut a le goût des saveurs universelles, mais imprégnée d’une tradition chinoise, dans la profondeur primordiale de ce qui la constitue : le format vertical ou horizontal de peintures montées en rouleau et dont la composition suit le cours de ce déroulant paysage ; le choix d’un support fusionnel et alchimique ; l’unité dans l’acte créatif (figure 1). L’artiste se réfère, entre autres, à trois peintres enracinés dans la vibration chinoise : Wu Changshuo (1844-1927) et Qi Baishi (1863-1957) dont Picasso déclarera un jour qu’il n’osait pas aller en Chine parce que là-bas il y avait Qi Baishi. Enfin très proche du peintre, Huang Binhong (1895- 1953) et son traité de peinture dont il se nourrit. C’est alors surtout son approche globale dont les arts corporels font partie et sa notion d’unité de la peinture et de la pensée qui l’inspirent : Un peintre qui joint deux lignes ...