Descriptif
Le rituel a pour fonction symbolique de créer un espace sacré entre Terre et Ciel, humain et divin. Il rompt avec quelque chose d’ancien (un état, une situation, un moment, une personne) pour entrer dans un espace choisi afin d’ouvrir à quelque chose de nouveau. Que le rituel soit religieux, de passage, festif, de rupture, il marque un point précis afin que ce dernier soit transcendé. Ainsi en Inde, la vie des femmes est socialement rythmée par des rites. Le Manjal Nîr est un rite de passage lors de l’apparition des premières règles de la jeune fille. Manjal Nîr, qui signifie littéralement « Eau curcuma », célèbre le passage de la puberté, de l’état de petite fille à celui de jeune fille pubère. Lors de cette occasion, la jeune fille revêt son premier sari, un vêtement de Femme. La fillette, au corps libre et insouciant, légère et virevoltante dans ses allées et venues, laisse place à la jeune fille, avec une pudeur nouvelle, un pas mesuré, des prémices de sagesse et un respect pour les organes féminins qui se développent.
Dans les temps anciens en Inde, où les femmes étaient confinées dans le gynécée, cette fête indiquait à la société que la jeune fille était bientôt en âge de se marier. Aujourd’hui, elle est perpétuée comme une coutume traditionnelle. Elle est aussi transmise par les femmes comme un hommage au Féminin sacré. Avant la cérémonie, un moment entre femmes est instauré : plusieurs femmes préparent la jeune fille en la baignant avec le curcuma. Cette racine aux vertus ayurvédiques est au cœur de cette célébration. Ses propriétés anti-infectieuses, assainissantes et purifiantes sont précieuses dans les plats culinaires et aussi en cosmétique. La pâte onctueuse de curcuma est étalée sur la peau de la jeune fille. Frictionnée, massée et lavée, les contours de son enveloppe corporelle sont marqués tel un enracinement à la terre. Une nourriture à visée fortifiante lui est offerte afin de soutenir les organes en transformation. Puis, habillée de son tout premier sari, parée de bijoux et de fleurs, la jeune fille entre dans l’espace du rituel. Elle salue l’assemblée en joignant les mains au niveau du cœur (Namaskar en Sanskrit ou Namasté en Hindi), signifiant que le divin en elle salue le divin en chacune des personnes présentes.
L’espace sacré a été préparé grâce à une somptueuse parade illuminée installée par les hommes qui ont naturellement leur place ...