Descriptif
GTao : Que signifie pour vous l’idée d’un « mouvement global » ?
Imanou Risselard : Lorsque dans mon cours je regarde une personne en mouvement, je la perçois dans sa globalité : émotionnelle, charnelle, physique, psychique. Et c’est aussi ce qu’elle va percevoir d’elle-même dans le mouvement quand elle le vit totalement. Le mouvement global touche à un état où la personne est au centre d’elle-même, comme étant l’œil d’un cyclone dans lequel elle a conscience de tout ce qui se passe à la périphérie. Le mouvement global serait cette capacité à bouger librement, totalement, simultanément. A ressentir que tout bouge. C’est l’expérience mystique de la pleine conscience qui me ramène dans l’instant. Les trois espaces : physique, émotionnel et psychique se fondent alors en un et l’on accède à un espace particulier. Quand je suis dans cet état de globalité, je suis dans l’état d’universalité. C’est de « l’hyper présence ».
Pol Charoy : Le mouvement global est une « dispersion concentrée ». C’est à la fois vaste et très présent. Dans cette dilatation centrée, il y a une attention et une présence à tous les phénomènes qui se manifestent à travers le mouvement. Cette perception est liée à l’organe sensoriel de l’ouïe qui a cette capacité à entendre tout — la dispersion —. Et c’est notre attention — la concentration — qui va nous permettre d’entendre.
GTao : Comment transmettre cet « état » ?
I. R. : Quand j’enseigne, j’essaie de faire plonger les personnes dans cet hyper espace sensoriel de présence à elles-mêmes, parce que
l’hyper présence dévoile en chacun de nous l’intelligence innée enfouie au plus profond de nos cellules qui permet au mouvement d’être une voie d’éveil.
P. C. : La pédagogie d’Imanou est exigeante, mais elle borde et enveloppe ses élèves pour qu’ils plongent dans cet espace. Et les personnes plongent comme avec une confiance indéfectible en la « mère ». Elles acceptent de se dissoudre. Si elles n’étaient pas bordées, elles ne pourraient pas accepter de s’imprégner de cet espace si vaste. Imanou amène doucement les personnes à « disparaître » en laissant la place à ce mouvement ondulatoire et spiralé si essentiel dans la pratique du Wutao. Mais le mouvement n’est jamais enseigné par son contour — ce qui empêche de toucher l’état, le cœur du mouvement —. Pour que le mouvement soit ...