Descriptif
GTao : Maître Wu Bin, qu’est-ce qui vous fait aimer encore aujourd’hui le Wushu ?
W. B. : Le Wushu est très varié, et plus je pratique, plus je trouve de nouvelles choses très profondes, je découvre par exemple les liaisons entre les différentes écoles. Et je n’arrête pas de chercher des maîtres qui ont des pratiques cachées. Jeune, j’ai cultivé la force, l’amplitude articulaire, la vitesse des coups de pieds, des coups de poings. Avec l’âge, ma pratique devient plus douce, plus relâchée.
GTao : Quelle est la différence entre le Wushu traditionnel et le Wushu moderne ?
W. B. : Avant les années 50, il y avait trop d’écoles de Wushu. Personne ne s’y retrouvait. En 1953, des universitaires et des représentants d’écoles traditionnelles dont je faisais partie se sont regroupés pour rassembler les disciplines qui possédaient les mêmes caractéristiques. C’est à partir de ces critères communs qu’ont été créées des formes nouvelles, ce que l’on appelle le Wushu moderne. Nous avons alors mis en place des compétitions nationales, puis internationales. Les formes de Wushu modernes ont permis une évaluation. Mais les compétitions n’étant pas le meilleur moyen de promouvoir le Wushu, dans un deuxième temps, de nouvelles notations ont été formulées pour évaluer le niveau des participants d’un même style traditionnel.
GTao : Le Qi Gong fait-il partie du Wushu ?
W. B. : Dans toutes les écoles traditionnelles, il existe des techniques de Nei Gong — NDLR : travail interne — . Parce qu’il existe toujours deux manières de se renforcer : à la fois athlétique et énergétique. En Wushu moderne, c’est différent, il n’y a pas vraiment de techniques de Nei Gong. C’est ce qui différencie les pratiques dites externes et les pratiques dites internes comme le Tai Ji Quan, qui commencent par un apprentissage du travail interne avant d’apprendre les formes. Les techniques internes en Wushu sont traditionnellement utilisées pour augmenter la capacité du pratiquant à combattre et à se défendre. En Qi Gong, par contre, le travail interne est utilisé pour préserver sa santé et augmenter sa vitalité. En somme, le Nei Gong n’est pas le Qi Gong, et le Qi Gong n’est pas le Wushu. Un proverbe chinois dit qu’il faut renforcer ses os, ses muscles, ses tendons à l’extérieur et qu’il faut pratiquer le souffle à l’intérieur. Un pratiquant d’art martial complet travaille forcément les deux.
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