Pékin “ao lin pi ke”

Ne vous étonnez pas de ce titre qui ne veut rien dire. "Vaincre - compagnons - forêt - profonde" est la traduction mot pour mot de quatre idéogrammes utilisés, non pour leur signification, mais pour leur prononciation : "ao lin pi ke", et pouvoir ainsi transcrire en caractères chinois "olympique". Qu’importe, les Jeux Olympiques sont devenus la plus importante manifestation du monde moderne. S’il est évident qu’ils attisent toutes les convoitises, il arrive parfois aussi qu’ils détruisent les barrières idéologiques et politiques. Rappelez-vous aux Jeux de Sydney, l’ovation qui a salué la délégation commune des athlètes venus des deux moitiés de la Corée. En revanche, on peut se demander sous quel drapeau défilera la délégation de Taïwan? Une bonne question, surtout si les Jeux de 2008 se déroulent… à Pékin. Le 13 juillet, réunis en cession plénière à Moscou, les 123 membres du Comité International Olympique (C.I.O.) choisiront la ville organisatrice des Jeux 2008 parmi les cinq en lice : Pékin, Toronto, Paris, Osaka et Istanbul. En février et mars dernier, chacune a été visitée par la commission des 18 experts de la Mission d’Évaluation venue sur place apprécier les aspects techniques des projets présentés. Dans leurs conclusions, rendues publiques à la mi-mai, on lit que la candidature de Paris est "très attrayante", que le choix de Toronto laisserait "un héritage pour le sport", héritage qui devient, si Pékin est choisie, "unique à la Chine et au sport".

L’humiliation des J.O. 2000
La charte du C.I.O. précise que le but de l’olympisme est d’encourager l’établissement d’une société pacifique soucieuse de préserver la dignité humaine. Même si ce noble idéal a été gravement bafoué à plusieurs reprises, en 1936 à Berlin, en 1968 à Mexico après le massacre de la place des Trois Cultures, et en 1980 à Moscou au lendemain de l’invasion de l’Afghanistan, est-ce une raison pour le rejeter d’un revers de la main comme le fait J.-A. de Samaranch le futur ex-président du C.I.O. qui déclarait le 7 février à Lausanne : Les membres de la Mission d’Évaluation ne devaient pas s’attacher au critère des droits de l’homme. C’est aussi l’avis des dirigeants Chinois qui n’imaginent pas qu’une question aussi étrangère au sport puisse constituer un obstacle à leur candidature. Ils retournent même l’argument en déclarant sans sourciller que le droit d’organiser les Jeux est un droit de l’homme qui doit être reconnu à la Chine. Il ...