Descriptif
Mathieu : Jean-Jacques, pendant ces trois années de lycée, tu nous as présenté tous les aspects du taiji, aussi bien l’art martial que les bases de la philosophie orientale, car l’un ne va pas sans l’autre. Puis nous avons tous les trois quitté le monde lycéen après notre bac l’année dernière. Lorsque nous évoquons notre « passé » lycéen et le fait d’avoir passé l’option taiji au bac, beaucoup de gens sont étonnés. Avons-nous reçu un régime spécial ?
Jean-Jacques Sagot : Sûrement pas. Le taiji que vous avez appris avec moi est parfaitement intégré dans le cursus officiel. Un petit retour en arrière s’impose pour que vous compreniez la genèse de cette aventure. Mon métier est d’enseigner l’éducation physique au sein de l’Education Nationale. Celle-ci, vue de l’extérieur, est une grosse machine avec ses codes, ses habitudes, ses diplômes, etc. Elle définit des cadres institutionnels, des objectifs, des contenus éducatifs. Cependant, lorsque nous sommes dans la « grosse machine », nous avons des espaces de liberté pour utiliser des contenus variés en s’inspirant du champ culturel de la société. C’est même un devoir lorsque l’on est enseignant, l’école devant être en phase avec la société. Aussi ai-je eu l’envie d’incorporer l’approche spécifique des arts chinois du mouvement dans mon enseignement quotidien auprès de mon « public » lycéen. En fait, ça s’est fait très vite, grâce à deux facteurs, mon enthousiasme, et l’approbation bienveillante de mon chef d’établissement — Jean-Pierre Chavaneau, aujourd’hui disparu, qu’il soit remercié ! — et de mes inspecteurs d’académie. La deuxième étape a été l’agrément en tant que discipline optionnelle au bac, qui s’est faite normalement, sans accroc ni militantisme excessif. C’est ainsi que j’enseigne depuis 1990 le tai ji quan au lycée et fais passer l’option EPS tai ji quan au bac.
Julian : Tu nous as quand même infligé un régime bien spécial ! Si l’on compte le nombre d’heures consacrées au taiji durant notre scolarité !
JJS : C’est vrai, en seconde, les élèves ne choisissent pas leurs contenus d’EPS et j’aime bien aborder les petits nouveaux par quelque chose qui les déconcerte, qui change leurs habitudes et leurs représentations des cours de « sport ». Et puis, c’est une incitation à s’engager sur une voie nouvelle et différente. La classe de première est consacrée à l’étude d’une forme Yang rapide et celle de terminale à l’étude au choix d’une forme ...