Descriptif
GTao : Enfants, vous et votre frère avez pratiqué avec votre père, Henri Plée*. Vous êtes né et avez grandi dans l’univers des arts martiaux.
T.P. : Oui, je suis tombé dedans quand j’étais petit ! Mais contre toute attente, je suis judoka.
A l’époque où mon père a commencé les arts martiaux, il n’y avait pas de choix : seul le judo existait en Europe. On était judoka ou boxeur, point ! Puis mon père a découvert et fait découvrir le karaté à l’Europe. Ce fut son véritable amour. Nous avons commencé le judo avec mes frères, vers l’âge de 5 ans, car le karaté était encore inadapté à la petite enfance. C’est seulement vers l’âge de 9 ans que j’ai appris le karaté. Mais en grandissant, je me suis vite fatigué. Je trouvais ça rigoriste et, humainement parlant, cela ne correspondait pas à ma demande. Bien que n’étant pas un grand compétiteur, j’aimais bien la sanction du Chiai qui me permettait de mettre mes pendules à l’heure : quand on ne maîtrise pas une technique, même si ce que l’on fait est esthétiquement satisfaisant, ça ne marche pas. Et çà, c’est omniprésent en judo alors qu’en karaté, c’est… je dirais, différent. Le gros du travail se passe seul ou devant une glace. De plus, en compétition, la violence monte très vite en karaté, alors qu’en judo c’est plutôt rare, et je n’aime pas la violence. C’est donc au judo que j’ai retrouvé une spontanéité, une simplicité, une pureté dans l’acte. Le judo permet de me confronter et de me procurer un réalisme simple. Mon frère, qui préfère la beauté et la noblesse du geste, a trouvé sa vocation dans l’enseignement et est devenu professeur de karaté. J’enseigne aussi car cela fait partie de ma formation et des habitudes familiales. Mais je me sens plutôt éditeur.
GTao : Comment avez-vous rencontré votre femme Valérie ?
T.P. : Nous nous sommes rencontrés dans le centre de la Montagne Ste Geneviève. Valérie a fait de brillantes études de philosophie - licence de lettres classiques, agrégée de philosophie - et s’est rendue très vite compte de la différence entre ce que les gens peuvent savoir et ce qu’ils peuvent être, et ce qui l’a intéressée, c’est d’être avant de savoir ! Elle a donc décidé de travailler sur le corps, lasse de voir ces philosophes arc-boutés sur leur table ...