Descriptif
La séparation sous-jacente dans nos sociétés occidentales entre le corps et l’âme conditionne depuis plusieurs siècles notre rapport au monde et à soi. L’histoire de l’âme s’est toujours reliée à l’histoire du désir et des émotions, ressentis incompatibles, et ceux-ci se sont définis comme des besoins vitaux, c'est-à-dire comme des réponses à notre corps-instinct.
Une âme et un corps
Depuis l’antiquité s’est instaurée au cœur même de l’individu une fragmentation entre son véhicule et son âme. Platon, à la source de la métaphysique occidentale, révélera sa vision de l’âme constituée de trois parties : l’epithymia (appétit ou désir sensible) se situant dans le ventre, le noüs (l’esprit) se situant dans la tête comme partie raisonnante de l’âme et le tymos (le cœur) se situant dans la poitrine et dont le principe est l’émotion. Pour Platon, l’âme doit s’épurer de l’emprise du désir ainsi que de celui des émotions en s’élevant par la force de l’esprit au beau et au divin en séparant le monde sensible du monde intelligible. La voie d’une recherche de « désincarnation » afin d’atteindre un idéal était lancée. Cependant, au fil des siècles, la question de l’âme semble s’être posée tout comme opposée. Niée ou intégrée, ce n’est pas tant l’âme qui suscite les difficultés « existentielles » que les notions d’élévation, de sublimation, ou bien de transcendance. Que ces notions s’appliquent à la morale, à la conscience ou bien au domaine de l’art, elles impriment fortement dans l’individu une notion d’idéal à atteindre, en dépassant quelque part nos instincts ou bien nos émotions premières.
Fondamentalement et dans l’observation de l’âme, Platon s’appuie sur la notion de trois foyers corporels. En cela, il situe l’âme exactement là où l’Occident l’a oubliée, c'est-à-dire non pas au-dessus, mais constituée elle-même par ces trois foyers corporels. La non-résolution d’une âme unifiée ou du sentiment d’unification dans une conscience globale a clairement enclenché l’objectif de s’élever et de trouver une résolution en dehors, et au-dessus de soi.
L’âme oubliée
Aujourd’hui, le développement physique ou psychocorporel s’est répandu dans beaucoup de domaines. L’exploration et l’ouverture à nos sens, à nos perceptions et à notre inconscient se sont développées au même rythme que la modernité. Cependant, il semblerait que ce soit l’âme qui en soit oubliée. Celle-ci devient une donnée presque « intangible », à tel point qu’elle ne serait qu’une vieille histoire fantasmée de l’homme, ou ...