Descriptif
GTao : Que signifie pour vous le mot « émotion ?
Yves Réquéna : Etymologiquement, « émotion » signifie « mouvement vers l’extérieur ». Tout être humain — et tout animal — a des émotions. C’est sa façon de réagir au réel en l’évaluant avec les critères de base qui nous structurent, comme par exemple l’instinct de survie auquel s’associe la peur archétypale et viscérale. La peur se décline alors sur plusieurs thèmes qui vont de la peur du danger à l’inquiétude. Nous sommes donc structurés par différentes émotions de base pour être amenés à réagir au réel de manière individuelle. Une personne réagit pour sauver sa vie ou simplement ne pas perdre la face.
GTao : Les émotions sont-elles des énergies, au sens taoïste du terme ?
Y. R. : Absolument. Et c’est dans ce sens que je travaille sur l’énergie des émotions.
GTao : De quelle manière, et pourquoi ?
Y. R. : On ne nous a jamais appris à être en amitié et en complicité avec nos émotions. Je pense que cela vaut la peine d’être appris, aussi bien pour la personne qui souhaite se former que pour l’enseignant que je suis, puisqu’à moi non plus, on ne l’a jamais appris. C’est seulement avec la médecine chinoise, la méditation, le Yoga dans un premier temps, puis le Qi Gong, que progressivement j’ai cultivé un art de ma relation avec mes émotions. A tel point qu’à un certain moment de mon travail sur la lucidité et la conscience, j’ai été plus intéressé à cultiver l’art de réussir la relation avec mes émotions, le réel et les êtres humains qu’à obtenir le résultat en jeu dans une situation. Car il y a toujours un enjeu dans une situation, mais si on le regarde de près et que l’on veut bien le traiter avec art, alors il n’est plus prioritaire. Cette attitude rejoint la notion de « lâcher-prise » et l’action dépourvue de fruits.
GTao : Que pensez-vous du conseil suivant : « gérez vos émotions », souvent entendu dans les sphères du développement personnel, ou de la médecine chinoise et du Qi Gong parfois très empreintes de la pensée confucéenne ? N’est-ce pas tout le contraire du « lâcher-prise » ?
Y. R. : C’est malheureusement le terme à l’origine utilisé par le coaching qui a été adopté par le langage courant. Je préfère
l’expression ...